Face à la présence de la Sainte Victoire le V. de Vasarely poursuit cette permanence du motif et de ses variations que recherchait Cézanne dans les 80 portraits qu’il fit de la montagne, 80 fois ce V inversé, qui nous invite à nous demander si, d’une certaine façon, Vasarely n’aurait pas ainsi retrouvé le geste de Cézanne. L’artiste Pierre Buraglio réalise en 1986 une série de huit grands Dessins d’après Cézanne intitulés les Sainte-Victoire de Z. Faire avec, d’après, autour, selon. Comme le V de Vasarely, ces dessins ne sont pas des copies de la montagne Sainte-Victoire cézannienne, mais ils rendent à ce paysage sa puissance de motif dont Pierre Buraglio tente l’épuisement par la répétition, une sorte d’architecture y apparaît, une épure faite de lignes et de superpositions de calques qui peu à peu efface le sujet au profit d’une idée de la montagne. Ces dessins, qui dévoilent trois points de vue sur la Sainte Victoire, montrent son exceptionnelle présence et aussi, d’une certaine façon, son absence.
Pierre Buraglio Pierre Buraglio est né à Charenton en 1939. Il vit et travaille à Maisons-Alfort, Val-de-Marne. En 1959, Pierre Buraglio entre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. En 1961, il participe pour la première fois au Salon de la Jeune Peinture ; cette même année, il rencontre Gilles Aillaud. De 1963 à 1965, il effectue un séjour à New York. À partir de 1976, il enseigne à l’école régionale des Beaux-Arts de Valence puis, après avoir été artiste invité, il est nommé professeur à l’ENSBA de Paris. Teinté d’abstraction et de figuration, le travail de Buraglio explore l’interdisciplinarité, ainsi que les liens entre forme et sens dans l’esthétique contemporaine. Son travail a été montré dans de nombreuses expositions personnelles à l’étranger : New York, San Francisco, Tokyo, Séoul. En France à Paris à l’ARC Musée d’Art Moderne, au Centre Georges Pompidou, au Musée Zadkine, et dans de nombreux musées ou centres d’art en province, au Musée des Beaux-Arts de Tours, au Musée Matisse au Cateau-Cambrésis, au Musée des Beaux-Arts de Valence, au Musée d’Art de Toulon, au Musée des Tapisseries d’Aix en Provence, au Musée Réattu à Arles (qui possède une partie des Sainte-Victoire de Z.), à l’abbaye de Silvacane. On a pu voir ses œuvres récemment au Musée Fabre de Montpellier, au Musée des Beaux-Arts de Lyon, à la Chapelle des Gobelins, à la Galerie Ceysson et Bénétière à Luxembourg. En 2019 une rétrospective de son œuvre est montrée au MAMC Musée d’Art Moderne et contemporain de Saint Etienne.
Bernard Collet Écrivain, critique d’art, il est l’auteur de romans, de monographies d’artistes et assure le commissariat de nombreuses expositions. Il est en charge depuis 2018 de la programmation artistique du Centre d’art contemporain La Halle des bouchers à Vienne. Il a montré le travail de Pierre Buraglio régulièrement depuis 1989 en France et à l’étranger. Il est l’auteur de Buraglio/ Le Caravage, Le deuxième regard aux éditions Jean-Pierre Huguet en 2011, autour du Dessin d’après… Le Caravage La chute de saint Paul réalisé par Buraglio en 1990.
Jeudi 28 avril à 19h00 – Entrée Libre