Du 27/06/17 au 31/08/17
27 juin – 31 août
Vera Röhm, née en 1943 en Bavière d’une mère russe et d’un père allemand, a grandi à Genève, puis à Darmstadt. Parfaitement bilingue allemand-français, elle garde de son
enfance multiculturelle et de ses études à Paris une grande ouverture sur le monde. Tout est dualité chez cette artiste qui vit entre Darmstadt et la Ville Lumière.
Après avoir travaillé la pierre et le métal qu’elle associait au plexiglas, Vera Röhm se consacre dès les années 70 aux Ergänzungen ou complémentarités de matériaux qui évoquent la fusion. Le plexiglas devient alors complémentaire du bois.
L’artiste travaille des poutres de bois à l’extrémité brisée et les associe à des moulages en plexiglas, matière synthétique qui se fonde dans le matériau naturel. Deux éléments opposés qui s’épousent pour devenir fusion.
Ce couple improbable, basé sur la construction, l’industrie, évoque pourtant la
déconstruction, voire la con-fusion. Vera Röhm a ses lois, ses méthodes, son système. Comment ne pas penser à Max Bill, inspiré par Van Doesburg, qui écrivait en 1949 : « Nous appelons art concret les œuvres d’art qui sont créées selon une technique et des lois qui leur sont entièrement propres, sans prendre extérieurement appui sur la nature sensible ou sur la transformation de celle-ci, c’est-à-dire sans intervention d’un processus d’abstraction ».
Très tôt, Vera Röhm est fascinée par le tétraèdre, pyramide à 4 faces triangulaires, 6 arêtes et 4 sommets. La complexité dans toute sa splendeur. La géométrie devient la base de son travail de sculpteur. De ses recherches mathématiques, scientifiques de l’abstraction émanent des volumes d’acier impressionnants et imposants, segmentation en trois du volume parfait du tétraèdre. Elle continuera cette recherche dix ans plus tard avec les Schattenreliefs (Reliefs d’ombres) en concrétisant l’évolution des ombres portées de ces figures en fonction de la lumière, puis le Schattenlabyrinth (Labyrinthe d’ombres) où 6 formes de base ont vu le jour. Depuis 2008, un programme utilisant des algorithmes a permis 770 découpes. Volume et plan sous sa forme positive et négative. Une recherche fondamentale. En parallèle, elle continue d’explorer son « Work in progress », sept grandes séries d’ensembles en évolution.
Rendre concret, palpable, l’éphémère, le mouvement, le temps. Comment le percevoir ? Le mesurer ? Quels sont les liens entre la géométrie et le cosmique, « cette obscure clarté qui tombe des étoiles », selon son oxymore préféré.
Egalement photographe – sa série Etaiements a connu un grand succès – cette artiste lauréate de nombreux prix en Allemagne, est présente dans les grandes collections privées et publiques et a participé au Festival d’Automne au centre Pompidou en 2002.
Vera Röhm intègre dans son œuvre la recherche des artistes du Bauhaus et la tradition de l’art concret, du constructivisme, du minimalisme. Synthèse entre ombre et lumière, espace et temps, ses œuvres laissent place à la poésie de l’imaginaire.
Elle scrute la ligne, la beauté rationnelle…