Centauri (1965–1975)
Avec Centauri, Vasarely compose une œuvre fascinante où la lumière semble se diffracter à travers une structure mathématiquement rigoureuse, mais visuellement instable. L’image se divise en deux moitiés symétriques, organisées autour d’un réseau orthogonal de formes carrées et sphériques, déclinées dans une palette froide de bleus, de noirs et de blancs. Chaque élément semble être un pixel agrandi, dont la taille et l’intensité varient subtilement pour produire des effets vibratoires. Au cœur de cette composition binaire, une lumière centrale irradie vers les bords, comme si la grille elle-même devenait surface sensible à une source énergétique invisible. La symétrie est rompue par la dynamique des trames : à gauche, les formes semblent s’éloigner dans une profondeur virtuelle ; à droite, elles avancent vers le spectateur dans un effet de gonflement. Ce décalage spatial crée un jeu de tension, un mouvement optique continu entre contraction et expansion. Ici encore, Vasarely ne se contente pas d’ordonner le monde selon la géométrie : il en explore les limites perceptives. Le spectateur, confronté à cette oscillation entre régularité et illusion, est amené à percevoir l’espace autrement. L’œuvre devient une expérience sensorielle, presque cosmique. Le titre Centauri, référence à l’étoile Proxima du système Alpha Centauri, souligne cette ambition cosmique. Comme souvent chez Vasarely, les noms d’étoiles ne sont pas de simples ornements poétiques : ils signalent une volonté de relier l’art optique aux lois universelles, à une géométrie de l’infini.
“L’artiste du passé s’inspire et transpose, celui d’aujourd’hui pense et s’exprime en équivalence. La création est de vigueur!” Notes Brutes, Victor Vasarely, 1969
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457 × 457 cm
Aluminium anodisé sur bois et acier, fond peint à l’encre sérigraphique